Agami organise Le Cercle Privé d’Art animé par Pierre Wat – Professeur à la Sorbonne, Critique d’art, Écrivain. Venez retrouver l’histoire de l’art à travers les œuvres de l’artiste Alexandre Hollan, le 3 juin 2014. L’exposition réunira ses Arbres et ses Vies silencieuses, si vous souhaitez découvrir ou redécouvrir ses œuvres, n’hésitez pas à nous contacter.
En partenariat avec la Galerie Vieille du Temple.
L’art à son plus haut, est cette transmutation par laquelle la vue, à son plus simple, se fait ce qui rend la vie. Et Hollan est un de ces quelques justes grâce auxquels, dans une peinture aujourd’hui dangereusement détournée de l’être sensible, un peu de l’absolu traverse encore les branches, brille encore dans l’eau des sources. Car regarder, pour lui, c’est rejoindre ce point, à l’intérieur de ce qu’il regarde, d’où l’être propre de cet objet, de cette existence, s’élance, s’unit à sa figure visible, la doue de rayonnement : c’est percevoir ce qui est trempé de l’eau d’avant la lumière, comme c’est le cas dans les souvenirs d’enfance ou les lieux que l’on imagine à la lecture des grands poèmes, ainsi chez Wordsworth, ou Nerval.
D’où ces noirs et gris admirables dont Hollan fait ces grands figures d’arbres qu’il passe des étés à approfondir, comme par un acte d’oraison qui n’aurait besoin pour connaître et signifier le divin que de l’infinie chose quelconque. Et dans ses natures mortes, ces rougeoiements qui sont plus de la vibration que de la couleur, – on les entend, sons fondamentaux, là où encore la vue hésite, c’est le « Si tu veux voir, écoute » de la tradition mystique, cet irremplaçable amont de la vraie peinture, Hollan, à sa façon, est peintre d’icônes. Il cherche par quelle voie dans l’image notre rapport à la transcendance – ou l’immanence, comme on voudra – peut reprendre, malgré les mots qui ne savent plus ; par quel silence des formes l’apparence transfigurée peut poser à nouveau, pour un jour, sa main méditante sur notre épaule… »
Yves Bonnefoy, Cahier Alexandre Hollan